Comment je suis passé de chat perché à Aristote
Réflexion(s) sur les étapes de ma vie et mon rapport au bonheur
Quand j’étais petit 🐣
J’étais incapable de rester en place ! J’aimais courir partout, jouer à chat perché, à la balle au prisonnier et, évidemment, au foot.
Quand je dis que j’aimais, c’est-à-dire que même quand je me suis retrouvé avec l’interdiction de poser la jambe droite par terre et que j’ai passé près d’un an et demi en béquille et en fauteuil roulant, je jouais quand même au foot (dans les buts, de profil), je descendais les escaliers 4 par 4 (pratique les béquilles) et je faisais la course avec mes copains : mon fauteuil avait clairement sa place dans Mario Kart.
Évidemment, je n’étais pas le seul. En primaire, on était interdit de ballon les jours de pluie : “trop dangereux, vous risquez de faire mal aux autres en leur tirant dessus”. Bon, il y avait sûrement du vrai derrière ça mais pas question de laisser tomber donc on s’est adapté : ces jours-là, chacun amenait un bouchon de bouteille (idéalement de bouteilles de lait, ils étaient plus grands) et on jouait avec ! Dès qu’un bouchon était trop écrasé, on en sortait un autre de nos poches et hop, le match reprenait !
En cours, j’étais pas non plus dans l’équipe des studieux.
J’avais besoin d’être actif : jouer avec mes stylos, bavarder, faire des sarbacanes bref, regarder le tableau sans rien faire c’était pas mon truc. En primaire, ça m’arrivait même de manger ma colle Uhu pour faire passer le temps mais rassurez-moi, je suis pas le seul à avoir fait ça ?
Toujours est-il qu’à être actif comme ça, j’avais ma dose d’endorphine et pas qu’un peu ! Je prenais énormément de plaisir à jouer et, compétiteur comme j’étais, encore plus de plaisir quand je gagnais.
Vers le début du lycée, j’ai commencé à m’éloigner du sport et des activités physiques. Je me cherche et ça passe notamment par entrer en opposition avec ces activités pour voir ce qu’il y a ailleurs. Sans m’en rendre compte, je vis une grosse chute dans ma consommation d’hormones du bonheur et il faut bien compenser autrement.
C’est le début du dopamine time : jeux vidéo, alcool, fêtes, sexe et réseaux sociaux.
Dopamine time 🎢
C’est clairement pas la période la plus heureuse de ma vie. C’est trouble, je ne sais pas où je vais ni sur quoi m’appuyer pour avancer. Je gère comme je peux les cours, les relations amoureuses, les questions sur mon avenir et qui je suis : j’ai besoin d’une bulle et d’un espace pour déconnecter !
Cette bulle, ça va être la fête. La fête, son énergie, les gens qu’on y rencontre et certaines substances qui vous aident à déconnecter.
Ce sont des moments où je me sens léger et heureux. Je partage des moments de joie et de rire intense avec mes copains mais aussi avec des inconnus. Je fais des rencontres, je vis des expériences de connexion hyperfortes avec ces gens-là mais aussi avec la musique et avec moi-même : ça me fait me sentir bien.
🧑🔬 Anecdote : J’ai aperçu une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Barcelone : il se pourrait que la musique électronique ait la capacité d’influencer notre état de conscience en synchronisant les neurones de notre cerveau avec son rythme. Ils développent maintenant des sons spécifiques pour réduire le stress pendant les procédures médicales et explorent les possibilités pour aider les personnes souffrant d’anxiété, de dépression ou de troubles de l’attention.
Le bémol dans tout ça, c’est que faire la fête et consommer ces substances, je suis pas sûr que ce soit un chemin très viable. Je m’en rends compte petit à petit mais difficile d’allier les actes à la prise de conscience quand on ne sait pas vers où aller !
👉 Spinoza disait que c’est en orientant son désir vers quelque chose d’autres qu’on peut le détourner d’une autre. Je suis plus que d’accord avec lui. Seule cette motivation est assez forte car avec la restriction ou la punition, l’Homme agit contre sa nature propre.
👉 Je trouve aussi beaucoup de sens dans ce que nous dit René Girard à propos des désirs mimétiques : tout ce qu’on désire ne vient pas de nous mais trouve une inspiration chez quelqu’un d’autre, de manière consciente ou non.
Vers un équilibre plus sain 🐝
J’ai eu la chance de combiner ces deux éléments-là quand j’ai quitté Paris et que je suis allé m’installer à Aix en Provence. J’y ai rencontré des personnes, des idées et des pratiques à un moment où je désirais profondément changer !
J’étais dans un nouvel environnement. J’ai vécu des expériences nouvelles à travers lesquelles ma vision de la vie et mes désirs ont évolué, je me projetais différemment sur mon avenir. Après plusieurs années à tourner en rond, j’ai adopté de nouvelles habitudes et me suis lancé dans des projets qui me permettent de vivre ces moments de légèreté et de joie hors des fêtes.
Cette newsletter en fait partie, comme la méditation, la marche ou la lecture par exemple. J’essaye de concentrer mes activités et mes fréquentations sur ce qui me fait grandir et gagner en puissance d’agir.
Aujourd’hui, j’aime toujours la fête et la colle Uhu (non jrigole, ça j’ai arrêté ^^) mais j’ai trouvé un équilibre. J’y vais moins souvent. J’aime planifier ces moments-là ou au contraire, me laisser surprendre par une opportunité en dernière minute mais surtout, j’en profite consciemment ! C’est toujours un lieu avec une énergie incroyable et un moment de rencontres mais ce n’est plus le seul.
En fait, je pense avoir trouvé un équilibre entre le petit garçon excité, l’ado rebelle qui fume des pétards, le jeune adulte un peu perdu et cet humain plutôt sage et optimiste que j’ai rencontré en 2021. Un équilibre qui ferait plaisir à tous ces philosophes de la voie du milieu, Aristote et Epicure en tête.
Tant pis si les stoïciens ont envie d’aller plus loin dans leur contrôle des envies et de la dopamine : j’ai trouvé un spot qui me convient pour avancer et c’est bien le plus important.
Bonne fin de semaine et pensez à être heureux un peu tous les jours ☀️
L’exercice de la Pomme 🍎
Cet exercice est pour celles et ceux qui aimeraient (re)trouver un peu d’équilibre dans leur quotidien.
4 étapes pour ajouter un peu de bonheur dans ton quotidien :
Ouvrir ton calendrier sur les 7 derniers jours (ou ta mémoire si tu n’utilises pas de calendrier).
Note en noir les moments qui t’ont pompé le plus d’énergie
Note en vert les moments qui t’ont vraiment procuré du bonheur.
Écris à chaque fois ce qui t’a demandé de l’énergie, et ce qui t’en a apporté.
Au bout d’une semaine, demande-toi comment tu te sens et, si le résultat te plaît : pense à prévoir tes moments de bonheur pour la prochaine semaine !
⛰️ Sources et inspirations
📚 Livre : Frédéric Lenoir : Le miracle Spinoza
📚 Livre : Frédéric Lenoir : Le désir, une philosophie
✍️ Article : Slate La musique électronique modifierait notre état de conscience
🧑🎨 Mon papa : Pour les archives photos