Apprendre à être un égoïste collectif
De l'Inter Milan de Mourinho à Spinoza
J’ai l’impression qu’il y a deux types d’égoïsme :
Un égoïsme défensif, où, par peur, on essaye de se mettre en position préférentielle par rapport à quelqu’un d’autre ou notre environnement.
Un égoïsme collectif où, par la raison, on essaye de faire le choix qui est le plus juste pour nous et ce(ux) qui nous entoure.
L’égoïsme défensif 🚫
C’est un égoïsme basé sur la peur.
La peur de mourir, la peur souffrir, la peur de manquer de nourriture, de reconnaissance sociale, de sexe, la peur de manquer de confort…
🦫 Je fais et dis des choses pour me sentir en sécurité. J’ai des propos négatifs à propos de quelqu’un dans une discussion, je provoque, je fais des choses qui vont porter préjudice à d’autres pour me sentir mieux, je ne donne pas de signe de reconnaissance bref, j’essaye de prendre une position dominante quel qu’en soit le coût.
Dans certains cas, on ne se rend même pas compte de notre impact négatif !
👉 C’est grossièrement ce que fait un mauvais perdant, une personne jalouse ou ton collègue qui veut s’attirer les faveurs de ton boss.
Ça donne pas méga envie de les aimer, ni même de s’aimer soi quand on agit comme ça.
🤔 Pourtant, n’est-ce pas quand on est sous l’emprise de la peur qu’on a le plus besoin d’amour et de confiance ?
Chacun fait de son mieux pour survivre, assurer sa sécurité, obtenir une certaine reconnaissance sociale et un confort de vie. Personne ne veut le mal de quelqu’un d’autre sans que cela parte d’une bonne intention.
Chacun a sa propre vision de ce qui peut impacter ces éléments et sa compréhension de comment agir positivement. Personne ne fait le mauvais choix par choix.
👉 C’est hyper lourd mentalement de ressentir qu’on n’est pas assez ou qu’on n’a pas suffisamment !
C’est déjà un premier pas de s’en rendre compte, pour soi ou pour les autres. Ensuite, on peut s’interroger sur nos manières d’agir avec ces gens-là et comment ne pas les ancrer plus profondément dans cette position.
L’égoïsme collectif 🤗
J’aimerais bien qu’on soit tous égoïstes comme ça.
La première fois que j’ai mis des mots là-dessus, c’est en lisant Spinoza :
Quand chaque homme cherche le plus ce qui lui est utile à lui-même, alors les hommes sont le plus utiles les uns aux autres.
🤔 Il y aurait donc un moyen de prendre des décisions qui augmente notre capacité d’agir tout en ayant le même impact sur les autres ? A minima indirectement ? Ou sans porter préjudice à quelqu’un d’autre ?
Ça m’a donné envie de creuser le sujet et je suis retombé sur les 4 vertus du stoïcisme :
La sagesse.
Reconnaître ce qui est bon, mal ou indifférent.La justice.
Traiter chacun de manière équitable. C’est l’unique moyen de vivre en harmonie sur le long terme.Le courage.
D’agir face aux évènements de la vie, notamment dans des situations défavorables ou injustes.La tempérance.
Ne pas tomber dans l’excès, modérer ses envies et ses désirs pour mener une vie équilibrée et heureuse.
À quoi bon le courage si on tombe dans la témérité ?
Il convient de mesurer son engouement. (Non, c’est pas malin de sauter dans la piscine depuis le balcon du 6eme).
À quoi bon la sagesse si on ne trouve pas le courage d’agir en ce sens et qu’on laisse l’injustice se faire ?
(Ping les dirigeants du monde entier face au dérèglement climatique et dans leur approche des conflits actuels. Ping tous les Français : allons voter ce week-end 🍃)
À quoi bon le courage d’agir justement si tu en oublies d’entretenir une vie saine qui te permet de maintenir tes efforts ?
Hello les militants et autres passionné•e•s qui se donnent corps et âmes pour une cause.
À quoi bon tout le reste sans la justice ?
Le sens de la vie et de la philosophie n’est-il pas de faire les choses justes ? À quoi bon la tempérance ou le courage pour servir l’injustice ?
Ensemble, ces 4 vertus nous poussent à faire des choix qui sont bons pour nous et bons pour les autres car ils augmentent notre puissance d’agir et d’avoir un impact positif sur ce(ux) qui nous entoure.
Si on se projette dans la vie quotidienne :
Oui, c’est un bel égoïsme de ne pas réagir à toutes tes notifs en 5 minutes et prendre le temps de vivre hors de ton téléphone.
Oui, c’est un bel égoïsme de refuser cette bière pour avancer sur ton projet, qu’il soit artistique, sportif, pro etc.
Oui, c’est un bel égoïsme de pas se tuer au boulot et garder du temps et de l’énergie pour soit et pour ses proches.
Oui, c’est un bel égoïsme de ne pas devenir le psy de ton pote qui est en galère. Tu n’as pas les compétences et ce ne serait rendre service ni à ton pote ni à toi.
⚠️ Je vous vois arriver ceux dont la nature est d’aider les autres !
Ok, c’est beau et on y trouve une énorme source de bonheur.
🤔 Mais tu vas aider qui si t’as même plus l’énergie de faire tes lacets ?
Personne.
D’ailleurs, si tu te retrouves dans ce personnage de sauveur : je t’invite fortement à lire cet article d’Agathe ! (L’humaine derrière les exercices de la Pomme 😉)
Elle y parle du triangle de Karpman, une grille de lecture sur les interactions entre êtres humains. L’épisode en question s’intéresse au rôle du “Sauveur” : tu y retrouveras une présentation du rôle, les conséquences de cette posture et des clés pour apporter ton aide en évitant les pièges.
Deux apprentissages 💭
Socrate avait raison. Il faut se questionner pour se comprendre et vivre plus heureux sur la durée.
Aristote aussi avait raison : mieux vaut avancer étape par étape et trouver un équilibre dans l’énergie qu’on dépense plutôt que faire des efforts démesurés qui nous mettent dans le rouge.
Je vous laisse avec l’exercice de la Pomme et surtout : n’oubliez pas d’aller voter et de passer une bonne fin de semaine 🌻
Exercice de la pomme 🍎
Pour apprendre à différencier le bon du mauvais égoïsme chez soi.
Ferme les yeux et rappelle-toi du dernier épisode dans lequel tu t’es demandé si tu faisais preuve d’égoïsme.
Cela pouvait venir d’une réflexion qu’on t’a faite, d’une réflexion que tu t’es faite, d’un sentiment de culpabilité, en regardant une scène se dérouler sous tes yeux… Peu importe.
Je te propose de te remémorer cet épisode et de te poser ces questions :
Qu’est-ce qu’on/je me demande de faire ?
À quel point en ai-je envie ?
De quoi ai-je besoin ?
Si ça arrivait à quelqu’un que j’estime, que penserais-je de sa réaction ?
A priori, les réponses à ces questions te permettent de distinguer l’égoïsme de défense de l’égoïsme collectif. À toi de discerner, mais surtout : tente d’être cool avec toi-même !
Et la prochaine fois, essaye de te les poser sur le moment, ça te permettra d’ajuster ta posture. 😉